Tu te souviens pas. Tu vis ta vie entre supermarché et bibliothèque, boulot épuisant et routine écoeurante. Dès que tu rentres, tu t'affales sur son canapé pour ouvrir une bière et laisser la vie couler. Petit, t'avais cette envie de faire de grandes choses, mais les illusions se sont envolées, déchirées comme un vulgaire brouillon. Tu voulais y croire aux étoiles, et à toutes ses ramassis de contes de fées. Mais t'es seul avec cette existence qui t'échappe, t'as quelque chose de casser, de piétiner. Tu bois dans la tasse ébréchée de ton être, où traine des résidus de café. T'y as cru jusqu'au bout, c'est pas arrivé. Le Charmant, La Princesse, ils ont jamais existé, ils sont juste là, dans ta tête. Perdu, comme toi dans cette demi-vie qui te leurre, ce demi-pain qui te nourrit. Ta tête tombe en arrière, tes pensées se reposent sur le mur blanc. T'as les larmes qui coulent, qui roulent sur ta peau, t'es le sosie de Blanche-Neige, t'as pas de prince charmant, il est parti, amnésique, comme toi. Votre bonheur ancien, il est brisé, comme le cristal contre le métal. T'es pas à ta place et tu le sais bien. T'es paumée, tiraillée, tout en toi fout le camp. Des morceaux de vies, des cauchemars te ramènes à ta réalité. Celle où tu es une princesse et ou rien ni personne n'égale ta beauté.

Nous nous trouvons à St Fey de Lestrange. Ville soigneuse où les grands' mères vivent tranquillement, où les chats se promènent et règnent en maître. Petites fleurs dans les jardins, mairie propre et rangée, une communauté pleine de santé et de jeunesse, où chacun aide son voisin. Pittoresque endroit où l'air est empli de mousse, où le temps semble s'être arrêté. Les contes de fées existent, dans ce huit clos enchanté, englobant la majestueuse forêt de Brocéliande, où les effluves de la marée nous atteignent, vos héros d'enfance sont bloqués. Coincé dans cette ville et si certains en savent plus qu'ils ne le devraient, d'autre ont tout oublié.